philosopher

philosopher

philosopher [ filɔzɔfe ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1380 ; lat. philosophari
1Penser, raisonner sur des questions, des problèmes philosophiques. « Cicéron dit que philosopher ce n'est autre chose que s'apprêter à la mort » (Montaigne). « Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher » (Pascal). « On dit : vivre d'abord, ensuite philosopher; c'est le peuple qui parle ainsi; mais le sage dit : philosopher d'abord, et vivre ensuite si l'on peut » (Diderot).
2(XVIIe) Raisonner, discuter sur quelque sujet que ce soit (en particulier d'une manière savante, compliquée, pédante, oiseuse).

philosopher verbe intransitif (latin philosophari) Traiter des matières de philosophie, se livrer à la spéculation philosophique. ● philosopher (citations) verbe intransitif (latin philosophari) Jules Lagneau Metz 1851-Paris 1894 Disons-le hardiment, philosopher c'est expliquer […] le clair par l'obscur, clarum per obscurius. In Revue philosophique février 1880 Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Philosopher, c'est apprendre à mourir. Essais, I, 10 Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher. Pensées, 4 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Platon Athènes vers 427-Athènes vers 348 ou 347 avant J.-C. Ceux qui, au sens droit du terme, se mêlent de philosopher, s'exercent à mourir. Phédon, 67e (traduction L. Robin) philosopher verbe transitif indirect Discourir plus ou moins banalement sur quelque chose en s'en tenant à des idées générales. ● philosopher (citations) verbe transitif indirect Louise Levêque de, dite Louise de Vilmorin Verrières-le-Buisson 1902-Verrières-le-Buisson 1969 Philosopher n'est qu'une façon de raisonner la mélancolie. Julietta Gallimardphilosopher (synonymes) verbe transitif indirect Discourir plus ou moins banalement sur quelque chose en s'en tenant...
Synonymes :
- disputer (littéraire)
- méditer

philosopher
v. intr.
d1./d Traiter de sujets philosophiques.
d2./d Argumenter, raisonner, discuter sur un sujet quelconque.
|| Péjor. Argumenter de façon oiseuse.

⇒PHILOSOPHER, verbe intrans.
[Corresp. à philosophie1 I A]
A. —[Sans compl. prép.] Réfléchir, raisonner selon les principes de la philosophie; chercher la raison profonde des choses, réfléchir sur la signification de l'existence humaine. Philosopher c'est universaliser une expérience spirituelle en la traduisant en termes intellectuels valables pour tous (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p.68). L'amour des belles formes, plus que celui de la force, l'incita [la cité athénienne] à ouvrir des gymnases aux adolescents. Ces gymnases étaient aussi des lieux de rencontres et de discussions, où les jeunes gens apprenaient, par la conversation et les joutes oratoires, l'art de persuader et de philosopher (Encyclop. éduc., 1960, p.8). V. animique ex. 2 et fou I C 1 a ex. de Maine de Biran:
1. Philosopher est le mot pour lequel j'aimerais le mieux à résumer ma vie; pourtant ce mot n'exprimant dans l'usage vulgaire qu'une forme encore partielle de la vie intérieure, et n'impliquant d'ailleurs que le fait subjectif du penseur solitaire, il faut, quand on se transporte au point de vue de l'humanité, employer le mot plus objectif de savoir.
RENAN, Avenir sc., 1890, p.91.
[P. allus.]
♦[au proverbe lat.: Primum vivere, deinde philosophari «Il faut vivre d'abord, philosopher ensuite»] Je ne doutais évidemment pas qu'une victoire à laquelle les Soviets auraient pris une part capitale pourrait, de leur fait, dresser ensuite d'autres périls devant le monde. On devrait en tenir compte, tout en luttant à leurs côtés. Mais je pensais qu'avant de philosopher il fallait vivre, c'est-à-dire vaincre (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.193).
♦[à l'expr. de MONTAIGNE, Essais, Livre I, chap.XX: Philosopher c'est apprendre à mourir] Philosopher c'est apprendre à ne pas craindre de mourir. Philosopher, c'est apprendre à mourir: Prenons en main avec décision l'instant présent, et la longueur de la vie nous devient tout à coup absolument indifférente (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p.230).
Empl. subst. masc. Le philosopher, dont Socrate fait naître l'exigence en ses interlocuteurs, transcende la philosophie; il est en question dans l'être même (M. DESCHOUX, Platon ou le jeu philos., 1980, p.26).
B.P. anal. [Gén. avec compl. prép. sur]
1. Développer des idées générales sur un sujet quel qu'il soit; raisonner, discuter de manière méthodique ou savante ou élevée. Il philosophait avec mon père sur les principes d'une révolution qu'il aimait comme réforme, mais qu'il maudissait comme excès et bouleversement (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p.117). Il y aurait à philosopher beaucoup sur ces questions. Deux problèmes, en particulier, se lèvent en ce point. Pour tel artiste donné, que représente son ouvrage? Passion? Divertissement? Moyen ou bon? Pour les uns, il domine leur vie; pour les autres, il se confond avec elle (VALÉRY, Degas, 1936, p.89):
2. ... jamais deux hommes ne furent plus différents d'esprit et de caractère. Mais seuls dans la ville ils s'intéressaient aux idées générales. Cette sympathie les réunissait. En philosophant sous les quinconces, quand le temps était beau, ils se consolaient, l'un des tristesses du célibat, l'autre des tracas de la famille...
A. FRANCE, Orme, 1897, p.99.
Plais. [Le suj. désigne un animal] En face, au gros soleil, deux ânes philosophaient attachés au même gond (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.143). Un cheval et un poney, de compagnie, philosophaient près d'un chêne d'Amérique (LA VARENDE, Dern. fête, 1953, p.246).
Rem. Sert à introduire un discours dir.: Le journaliste, tenant le bras de Patissot, philosophait, d'une voix lente: «Tout général a son Waterloo, disait-il; tout Balzac a ses Jardies, et tout artiste habitant la campagne a son coeur de propriétaire» (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.311). Anny Féret, un bras sous la nuque, philosophait. —C'est marrant, tout de même, l'existence, dit-elle. Il y a tellement de femmes qui ont des gosses dont elles ne voudraient pas, et puis juste pour une qui en veut... c'est marrant (DRUON, Gdes fam., t.2 1948, p.135).
2. Souvent péj. Raisonner, discuter avec une subtilité excessive, inutile; raffiner de façon exagérée sur des détails. Synon. ergoter, ratiociner. Impossible, en semblable pays [les Pays-Bas], de rêver, de philosopher à l'allemande, de voyager parmi les chimères de la fantaisie et les systèmes de la métaphysique (TAINE, Philos. art, t.1, 1865, p.249).
3. Les fantaisies, les caprices, les folies de l'amour charnel sont creusés, analysés, étudiés, spécifiés [au cours des causeries dominicales chez Flaubert]. On philosophe sur de Sade, on théorise sur Tardieu. L'amour est déshabillé, retourné: on dirait les passions passées au spéculum.
GONCOURT, Journal, 1862, p.1070.
REM. 1. Philosophant, -ante, part. prés. en empl. adj. a) ) [En parlant d'une pers. ou, p.méton. du déterminé, de l'esprit, de la conscience] Qui a la faculté de philosopher ou qui la met en oeuvre; qui se livre à la spéculation philosophique. Un bon esprit [Léon Brunschvicg], une tête fortement pensante et philosophante (L. FEBVRE, Esprit européen et philos., [1948] ds Combats, 1953, p.289). La conceptualité plotinienne est coexistensive à une vie de l'esprit, toutes deux soucieuses de déchiffrer l'énigme que s'assigne la conscience philosophante (P.-J. ABOUT, Plotin et la quête de l'un, Paris, Seghers, 1973, p.17). ) Péj. [En parlant d'une collectivité] Qui est le lieu de spéculations infinies, à caractère plus ou moins philosophique. Au lieu d'être une école de formation intellectuelle et éthique, l'Université philosophante fabrique des rhéteurs ou divers techniciens spécialisés, voire des esprits vaguement mystiques (L'Express, 19 oct. 1970, p.182, col. 2). Empl. subst. [En parlant d'une pers.] Elle n'avait rien d'une précieuse et elle plaisantait les philosophantes (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p.91). b) [En parlant d'une chose] ) Synon. de intellectuel, spéculatif. Il s'est progressivement laissé dominer [l'Institut Warbourg] par une conception de plus en plus philosophante de l'esthétique. Si l'étude des oeuvres d'art ne peut être conçue comme une pure histoire des formes, elle ne peut non plus être envisagée comme une province de l'histoire des idées (Traité sociol., 1968, p.280). ) Qui traite de sujets philosophiques. Il savait par coeur le Contrat Social, la Nouvelle Héloïse et tous ces livres philosophants qui ont préparé de loin le futur bouleversement de nos antiques usages, de nos préjugés, de nos lois surannées, de notre morale imbécile (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Testam., 1882, p.663). 2. Philosophiser, verbe, rare. a) Empl. intrans. Synon. de philosopher (supra B). À quoi bon s'encombrer de tant de souvenirs? Le passé nous mange trop. Nous ne sommes jamais au présent, qui seul est important dans la vie. Comme je philosophise! (FLAUB., Corresp., 1853, p.318). b) Empl. trans. Introduire le raisonnement philosophique (dans une religion, une science). Sa manière [de M. de La Mennais] de philosophiser le christianisme est-elle tout simplement (...) un pur déisme avec morale évangélique (...) et, si l'on veut aller au plus loin dans ce sens, est-elle un socinianisme humanitaire? (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t.1, 1836, p.268). Le premier zélateur américain de Freud, Putnam, «philosophise» avec tant d'ardeur la psychanalyse que Ferenczi, longtemps le plus proche disciple de Freud, est obligé de lui répondre dans son article «Philosophie et psychanalyse» (L'Express, 19 févr. 1968, p.77, col. 2).
Prononc. et Orth.:[], (il) philosophe []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Fin XIVes. «se livrer à la spéculation philosophique» (Aalma 4.173 ds ROQUES t.2, p.144); b) 1555 «raisonner doctement sur quelque chose» (BELON, Histoire de la nature des oyseaux, p.2); 2. a) fin XIVes. «enseigner la philosophie» (Aalma, loc. cit.); b) 1551 «disserter de matières philosophiques» (Dialogues de m. Speron Sperone, trad. C. Gruget, 38b ds Rom. Forsch. t.32, p.126); c) 1553 «raffiner sans raison sérieuse sur des détails» (ALBERT, Archit., trad. J. Martin, f° 29 r°). Empr. au lat. philosophari «parler philosophie, être philosophe, agir en philosophe», dér. de philosophus (philosophe). Cf. 1316-28 philozophier (Ovide moralisé, V, éd. C. De Boer, t.2, p.2463). Fréq. abs. littér.:154. Bbg. DARM. 1877, p.218 (s.v. philosophiser). —GOHIN 1903, p.280 (s.v. philosophiser).

philosopher [filɔzɔfe] v. intr.
ÉTYM. 1380, lat. philosophari, de philosophus. → Philosophe.
1 Penser, raisonner sur des questions, des problèmes philosophiques (aux sens 1, 2, 3 de philosophie). || L'esprit (cit. 47) humain emploie trois méthodes de philosopher (A. Comte). || Philosopher par ordre (→ Métaphysique, cit. 1, Descartes).
1 Cicéron dit que Philosopher ce n'est autre chose que s'apprêter à la mort (…) c'est que toute la sagesse et discours du monde se résout enfin à ce point, de nous apprendre à ne craindre point à mourir.
Montaigne, Essais, XX (Que philosopher, c'est apprendre à mourir).
2 Or, c'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher (…)
Descartes, Principes de la philosophie, Préface.
3 Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher.
Pascal, Pensées, I, 4.
Allus. prov. (cf. Primum vivere, deinde philosophari).
4 On dit : vivre d'abord, ensuite philosopher; c'est le peuple qui parle ainsi; mais le sage dit : philosopher d'abord, et vivre ensuite si l'on peut (…)
Diderot, Hist. des règnes de Claude et de Néron, II, 2.
2 (Déb. XVIIe). Raisonner, discuter sur quelque sujet que ce soit. || Philosopher sur qqch.(1668, par plais., en parlant d'animaux). || « Miraut, sur leur odeur ayant philosophé, / Conclut que c'est son lièvre » (La Fontaine, V, 17).
5 Impossible, en semblable pays, de rêver, de philosopher à l'allemande, de voyager parmi les chimères de la fantaisie et les systèmes de la métaphysique.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 249.
3 (1553). Péj. Raisonner d'une manière savante, compliquée, oiseuse. || Il philosophait sans jamais raisonner.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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